
La mésaventure électrique de Nathan E. paraît bien anodine comparée à l’infortune des habitants du lieu dit Ecole maternelle publique d’Etetak à Yaoundé. Un jour, deux poteaux rongés par les termites sont tombés. Ceci a provoqué des départs de feu dans tous les domiciles alentour. Tous les appareils branchés à ce moment là se sont grillés. Non seulement, nous sommes restés des jours dans le noir, en plus nous n’avons jamais été dédommagés pour les appareils abîmés. J’ai perdu un ordinateur et un téléviseur d’une valeur de 500.000 F dans cette affaire, témoigne un habitant du quartier. Certes, la plupart des griefs enregistrés pendant la réalisation de ce dossier sont portés contre la société de distribution d’électricité, mais il y en a aussi contre celles chargées de rendre l’eau potable et le téléphone disponibles.
Les litiges, de plus en plus complexes et ne cessent de se multiplier. De 2011 à 2013, les associations de défense des droits des consommateurs avouent avoir reçu près d’un demi-millier de dossiers dont des réclamations et des requêtes adressées aux entreprises susvisées et restées lettre morte. Un chiffre quelque peu évasif qui ne reflète qu’une partie de la réalité. Ces entreprises n’ont pas le moindre égard pour leurs clients. Il faut voir comment les caissières et leurs différents personnels nous parlent. Nous leur faisons gagner de l’argent et ils nous font voir des vertes et des pas mûres. Ils sont d’une arrogance que seule la situation de monopole dont ils bénéficient procure, affirme un usager dans une file d’attente à la CDE ce lundi 3 février. Les plaintes et les situations des usagers sont variées : retard dans le dépôt des factures, factures jamais arrivées à destination, relevés d’index controversés, surfacturation, mauvais accueil en agence, mauvaise qualité du service. En face, la réaction ou l’absence de réaction prouve que l’on a mis une distance entre l’humain administratif et l’humain concret. L’usager est perdu face à un mur d’incompréhension.
Combien qui préfèrent renoncer ? Il n’est pas rare de constater le découragement de l’usager dans ses démarches. Il se sent d’autant plus impuissant face à une situation injuste que les recours amiables sont aléatoires. Dans ces entreprises, ce sont des salariés qui reprennent les dossiers des réclamations : ils ne vont pas mettre en cause leurs collègues ! Que faire, Saisir un juge ? Là encore, ce n’est pas gagné. Autrement dit, pour obtenir la reconnaissance d’un droit, il faut mettre de sa poche. Mais la somme à dépenser à elle seule est parfois dissuasive.